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  • : Blog d'un militant socialiste de 34 ans, conseiller municipal à Quimper . Ses coups de coeur, ses coups de gueule etc... Sa conviction au reformisme radical, Son regard sur la politique locale et nationale
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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 12:54

Je tenais à vous faire partager cette article publié sur un blog médiapart qui poussent à la reflexion "Le corps sacrificiel des Femen tunisiennes"

 

Ce n’est plus que dans les légendes des pays à demi barbares qu’on rencontre encore ces créatures riches de lait et de larmes dont on serait fier d’être l’enfant. », écrivait Marguerite Yourcenar dans Le lait de la mort. Le lait de la mort

 

Amina et Meriam, deux Femen tunisiennes ont posé seins nus pour défier les obscurs qui, portés par le gouvernement islamiste, veulent jeter la Tunisie dans le puits de l’abîme. Ces jeunes filles arabes, musulmanes qui ont osé braver le tabou de la nudité, subissent un crachat affligeant d’insultes et de sarcasmes enragés. Elles sont même menacées de mort. «Amina doit être flagellée une centaine de fois sachant que, vu l’ampleur de son péché, la jeune fille mérite la lapidation à mort. », a prêché le salafiste Adel Almi.   

 

Le corps devenu le lieu de lutte, de révolte d’un pays tourmenté, divisé et en construction. Les indignés le revendiquent, le dénudent, le brûlent (Mohamed Bouazizi), le mettent en danger, l’exposent jusqu’à son point de rupture –Amina est aujourd’hui séquestrée par sa famille-, jusqu’à la mort : pour la dignité, pour la liberté, contre l’oppression. Un corps  sacrifié dans un acte de désespoir, de fortune, de frayeur, de courage inouï ou tragique. Les seins nus de Amina et Meriam tagués « Mon corps m’appartient, il est l’honneur de personne » ou « Fuck your morals » ont effrayé les yeux chastes de beaucoup de conservateurs et progressistes confondus. Des féministes tunisiennes contestent la forme et les armes de lutte de ces jeunes militantes. Une forme qui sied  mal à une société musulmane où le mot laïcité est à peine prononcé et remplacé par des termes mieux accommodants. Dans le glissement sémantique et la bien-pensance, la démocratie et les droits des femmes  prendront l’eau. Plusieurs formes de combats méritent  d’exister à l’unisson contre le monstre intégriste galopant. Ce geste de nudité et de bravoure dont la portée est apparemment limitée et sans projet réfléchi de société,  peut porter au loin parce qu’il a choqué, débusqué l’interdit, provoqué un débat défendu, ouvert un coin de chemin pour les guerriers à venir portés comme Amina et Meriam, par la radicalité, l’immédiateté et l’affront de leur jeunesse.

 

Dans La légende de la forteresse de Souram, film sublime de Paradjanov, les Géorgiens décidèrent de construire un rempart pour parer aux invasions, mais la forteresse ne tiendra que si un beau garçon accepte d’y être emmuré vivant. Le lait de la mort, la nouvelle orientale de Marguerite Yourcenar puise dans cette ballade balkanique. À Scutari, trois frères travaillent à édifier une tour pour guetter les pilleurs turcs. Mais « ils savent qu’un édifice s’effondre si l’on n’a pas pris soin d’enfermer dans son soubassement un homme ou une femme dont le squelette soutiendra jusqu’au jour du Jugement Dernier cette pesante chair de pierres. »

 

« Mais nous avons chacun une femme jeune et vigoureuse, dont les épaules et la belle nuque sont habituées à porter des fardeaux. » Ils emmurèrent vivante, l’épouse du frère cadet qui les supplia : « Ne murez pas ma poitrine, mes frères, mais que mes deux seins restent accessibles sous ma chemise brodée, et que tous les jours on m’apporte mon enfant, à l’aube, à midi et au crépuscule. Tant qu’il me restera quelques gouttes de vie, elles descendront jusqu’au bout de mes deux seins pour nourrir l’enfant que j’ai mis au monde, et le jour où je n’aurai plus de lait, il boira mon âme. (…) laissez une fente devant mes yeux afin que je puisse voir si mon lait profite à mon enfant. »

 

« Pendant quelques siècles, les mères attendries vinrent suivre du doigt le long de la brique roussie les rigoles tracées par le lait merveilleux… »

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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 17:28

1mechmoum.gifJ'ai été invité le 05 mai dernier par l'association "la liberté de l'esprit" de Quimper à participer à un débat sur "Comprendre les révolutions arabes ?"  autour de Yamen KOUBAA Tunisien, professeur de marketing et d’affaires internationales à l’Ecole Supérieure de Commerce de Brest.

 

N'étant pas en France à ce moment là, et donc ne pouvant pas participer à ce débat physiquement, j'ai tenu à laisser une contribution et je tiens à remercier au passage les organisateurs d'avoir lu une partie de cette contribution lors de ce débat.

 

Cette contribution, écrite très rapidement ne se veut pas être le reflet d'une vérité révélée, ce sont mes analyses à un instant t, mes réactions à des articles lus à des évênements ou la transposition de commentaires que j'ai lu et que je trouvais pertinant.

 

Je vous en donne ci dessous le contenu:

 

 

Le parfum du jasmin

 

Les changements des dernières années Ben Ali

 La Tunisie que je retrouvais presque chaque année m’était de plus en plus étrangère. Les voiles islamiques remplaçaient peu à peu les superbes safsaris, ces grande étoffes blanches dont les femmes se paraient et qu’elles maintenaient avec les dents, la chaleur et la générosité de l’accueil dans les magasins et les familles se sont transformées en une agression mercantile et individualiste et partout la corruption généralisée, les bakchichs…

I L’identité tunisienne au cœur du soulèvement

Malgré l’évolution de la société, il y a des constantes à cette culture, identité tunisienne.

La schizophrénie tunisienne  est une constante de cette spécificité tunisienne.

Cette schizophrénie fait le charme et en même temps l’angoisse identitaire de ce pays.

Première illustration, la laïcité et la religion. Héritage de Bourguiba, la Tunisie s’est doté de pare-feux laïcs. C’est plus qu’institutionnel, c’est une culture ouverte qu’elle a ranimé. Une Tunisie Musulmane et Laïque. La constitution précise que la religion de la Tunisie est L’islam mais place juste derrière la liberté de culte. Et dès l’introduction place l’ensemble de la constitution sous le fil rouge des droits de l’homme.

De plus les premiers textes votés par la jeune république sont en parfaite contradiction avec une interprétation stricte de l’islam. Le statut de la femme instaure des 1956 le droit à l’avortement, l’adoption légal et filial (interdit par le coran), la fin de la polygamie et l’égalité des droits entre les sexes (sauf sur l’héritage).

Enfin toute une génération de dirigeants politiques et de la classe intellectuelle post protectorat a été formée sur les bancs des écoles du protectorat où ils apprenaient leurs ancêtres les gaulois et la loi de 1905.

Deuxième illustration Le choc monde arabe-monde occidental. J’ai longtemps été surpris par ma grand-mère qui ne cesser de me vilipender sans cesse dans ces terme « arrête de manger comme un arabe, tu t’habille comme un arabe… adjectif employé à connotation négative alors que dans le même élan elle était d’une intrisangeance totale dans la défense de son identité arabe. Et il en est de même pour la majorité des tunisiens.

Il est vrai que la Tunisie a été souvent à l’écart du panarabisme du fait notamment de la rivalité forte entre Bourguiba et Nasser (père du panarabisme) né du processus d’indépendance de la Tunisie contesté par Nasser, de la protection de l’Egypte du principal opposant au Combattant suprême et de la position tunisienne dans le conflit israelo-palestinien.

De ce fait, les tunisiens n’ont cessé de se justifier au cours des années de leur arabité, comme s’ils devaient prouver leur appartenance à cette culture en même temps que l’ensemble de la société vivait à l’heure occidentale.

Ces dernières années il y a eu un retour brutal vers cette arabisation. A l’université, à l’école d’abord où les cours sont passés intégralement dans la langue du Coran, provoquant une chute du niveau de l’enseignement. Les professeurs n’ayant pas été préparés à cela. Il est vrai que l’élite culturelle et intellectuelle tunisienne a été formée à l’école française sous le protectorat puis dans les universités francophones en majorité.

À bien des égards, la jeunesse tunisienne semble comme frappée de schizophrénie culturelle. Elle est affectée, en profondeur, par deux évolutions parallèles et contradictoires. Elle est à la fois plus libérée et plus conservatrice. Plus libérée, car on assiste, chez une fraction des jeunes, à une prise de distance de plus en plus marquée par rapport à la religion, et plus généralement aux règles de la bienséance en pays islamique : audaces vestimentaires et comportementales, consommation d’alcool, permissivité sexuelle. Des symptômes d’une occidentalisation accélérée du pays. Mais, à côté de cela, et notamment depuis 1991 1ere guerre du golfe, et encore plus depuis la seconde, le retour du sentiment religieux et des valeurs conservatrices, peu ou prou liées au référent arabo-musulman, est également manifeste. La réapparition du voile, le regain de religiosité, la tentation du repli identitaire, le souci exagéré des convenances : autant d’éléments qui trahissent un mouvement de « réorientalisation » alimenté, en partie, par les télévisions arabes par satellite, très regardées, et qui ont supplanté les chaînes françaises ou italiennes dans le cœur des téléspectateurs.

Dans un article prémonitoire « Chouchoutés et encadrés » paru sur jeune Afrique écrit par Mr Samy Ghorbal ! la conclusion disait : «Avoir 20 ans à Tunis ? C’est être à la fois les enfants de M6 et ceux d’Al-Jazira. De quoi y perdre son latin. Jje crois que cet état témoigne de la schizophrénie de notre jeunesse a cheval entre l’orient et l’occident, le sud et le nord, le conservatisme et le libéralisme…une jeunesse puritaine et émancipée à la fois, une situation à faire perdre son arabe et son français! je me demande combien de temps encore nous faudrait il pour trouver notre propre identité Tunisienne et maghrébine! le chemin est encore long, mais vu la qualité qui se dégage de la blogosphére maghrébine ça me redonne confiance dans notre avenir »

La dernière illustration est le patriarcat. La figure du respect inconditionnel au père, au patron reste de mise, même si tout une part de la jeunesse, au fond d’elle-même ne reconnaissent plus la sagesse des plus anciens, ceux-ci étant eux même complètement dépassé par les mutations rapides du monde, des technologie du consumérisme à outrance.

En pays d’Islam sunnite, un principe fondamental développé à travers les siècles par les oulemas rejette de façon absolue la fitna (le désordre, le chaos, la discorde) Selon un haddith connu de tous les musulmans « la fitna est pire que le meurtre ». L’imam Malik, fondateur de l’école qui régente

L’islam au maghreb va jusqu’à recommander pour éviter la menace de la fitna de sacrifier deux tiers de la communauté pour sauver un tiers.

II La révolution de jasmin

Deux facteurs essentiels ont été fatals au régime de Ben Ali: la lassitude de la population face à la confiscation des libertés publiques et la montée du chômage des jeunes diplômés. C’est dans la négociation des libertés par un régime dictatorial, que la Tunisie a construit son développement mais «le but ultime du développement reste la possibilité, pour chaque citoyen, de pouvoir choisir librement la vie qui a de la valeur à ses yeux». Des lors ce qui était possible et admis au début de la phase de développement ne pouvait être pérenne.

Succédant à Habib Bourguiba, le président Ben Ali s’est inspiré de Lee Kuan Yiew de Singapour, en mettant en place un modèle économique axé sur l’ouverture économique, la planification du développement national, la diversification du tissu industriel et la limitation des libertés individuelles et collectives. Ce Policy-mix n’a pas été sans générer des résultats, comme l’attestent les performances économique le Pib par tête de la Tunisie a continuellement augmenté de plus de 3 % par an, permettant au pays de devenir un pays émergent ; le taux de pauvreté a subséquemment baissé pour l’ensemble du pays, se situant à moins de 4 % en 2010, contre 33 % en 1966/67.

Mais Ben Ali a malgré lui,  lui-même instillé le germe de la révolte. Il  a bâtit sa force sur une double stratégie depuis 1985 : comme Ben Ali l’annonçait lui-même en 1986 « Dans notre lutte contre les islamistes (et opposant), nous devons recourir à deux méthodes : la désinformation et les délinquants. Nous allons les sortir de prison pour leur confier des tâches de police » et c’est ainsi que 25 ans plus tard, i l y a autant de policiers en Tunisie qu’en France pour 7 fois moins d’habitants. Mais ce passionné d’informatique a contribué au boom tunisien du développement numérique plaçant ce pays développé à la pointe de la révolution numérique et à l’air d’internet a permis à des millions de jeunes tunisiens d’accéder à une autre information jusqu’au rapport wiki leaks. L’excellence reconnue du contrôle tunisien sur les communications internet, cette fameuse censure n’a pas été pas de taille face à la toile. Et le flux d’information a peu à peu creusé des fissures irréversibles dans le dispositif de propagande jusqu’à ce mois de décembre 2010.

3eme axe (source rue 89 Zohair Ghenania)

« Les années 2000 ont aussi vu le clan de la famille du Président profiter progressivement des fruits de la propsérité tunisienne en s'accaparant des entreprises florissantes, en monopolisant toutes les négociations avec les investisseurs étrangers et en spoliant les grands propriétaires immobiliers.

En conséquence, alors que la Tunisie disposaient d'hommes et de femmes d'affaires dynamiques, entreprenants et innovants, leur volonté de développer leurs activités se trouvait entravée soit parce que leur activisme économique pouvait menacer l'ordre économique institué, soit par ces individus eux-mêmes qui ne souhaitaient pas que leur entreprise prospère au-delà d'un certain seuil qui attirerait forcement l'attention du clan familial du Président.

En outre, une autre partie de ces hommes et femmes talentueux s'évertuaient à gagner les faveurs du palais présidentiel, convaincus qu'il s'agissait du moyen le plus sur d'accéder au prestige, à la richesse et au pouvoir au lieu de mettre leurs compétences au service de réalisations économiquement et socialement utiles.

Ce mode de gouvernance, en limitant et contraignant les aspirations des Tunisiens, commençait à nuire gravement au développement économique du pays, comme en témoignaient les signes suivants :

  • des multinationales qui refusaient de s'installer en Tunisie au vu de l'appétit de « la famille »,
  • une propriété pas toujours bien protégée qui sape la confiance des investisseurs et des épargnants,
  • des inégalités croissantes,
  • un chômage galopant notamment chez les jeunes diplômés (plus touchés par ce fléau que les non-diplômés ! ). »

III L’après …

J’ai été partagé entre beaucoup de sentiments comme beaucoup de tunisien au moment des soulèvements de décembre 2010. Dans un premier temps, le sentiment principal a été la surprise et la pondération. Beaucoup d’appréhension et une dose assez forte de crainte. Dans un second temps ce fut un sentiment de fierté qui dépasse de loin des sensations intenses vécus à d’autres moments et une sorte de soulagement, de légèreté qui même si le doute et la crainte de l’avenir demeurait, a tout balayé.

Les tunisiens ont apporté la démonstration que du désordre, la révolte, peut sortir un nouvel ordre dépassant l’interdit de la fitna.

Les tunisiens se sont montrés pour la plupart dignes, responsables et terriblement matures. Qui a déjà vu, après des manifestations si importantes, revenir des centaines de jeunes nettoyer les rues, effacer les graffitis, s’organiser pour prévenir les pillages. Et sur la question islamiste, peu aurait cru voir spontanément et massivement se lever la population pour préserver les avancées laïques de la Tunisie et même réclamer l’instauration d’une république laïque.

Quoique soit l’issu de cette révolution, c’est l’identité tunisienne qui s’est révélée, réclamant la double spécificité d’un état démocratique, laïque moderne sans renier sa culture arabo-musulmane, la combinaison des deux est possible et elle le brandit fièrement. Je pense qu’aucun retour en arrière n’est possible car le peuple tunisien a retrouvé par lui-même sa fierté, il n’est pas à la remorque d’autres pays, sa personnalité n’est pas calqué sur une autre nation, il est en train de construire une nation, c'est-à-dire des valeurs originales partagées par tous ces concitoyens. Il ne se construit pas en rapport aux autres mais avec les autres. Je reçois chaque jour des appels signés par des milliers de tunisiens réclamant que l’urgence est dans l’établissement de droit des associations véritable garde fou de la démocratie, à graver dans le marbre la laïcité, à la responsabilité des actions.

Dans le réenchantement politique de « Alain Faure, directeur de recherche en science politique au CNRS à l'Université de Grenoble » résume Toute la magie du moment tunisien est contenue dans la même combinatoire réussie au profit d'un certain idéal démocratique. Curieusement, les témoignages s'attardent peu sur les dérives et les délits du régime (pourtant considérables), comme si, au temps de l'indignation lié à la répression, devait succéder immédiatement celui des responsabilités collectives de la liberté retrouvée. Tendez l'oreille sur les déclarations émues et solennelles détaillant, avec délice et tellement de vigueur, l'adhésion aux valeurs républicaines, aux mondes de la culture et des savoirs, à l'égalité hommes-femmes, à la laïcité de l'Etat, au respect des traditions cultuelles aussi.

Au total, le moment tunisien semble tout entier construit et porté par un récit politique qui combine avec simplicité ces trois niveaux que sont les traumatismes fondateurs du territoire, les promesses de la politique et les croyances sur le service public. Le résultat ? La fulgurance des mots justes, quand leur expression publique et politique entre soudainement en phase avec des questionnements existentiels. Il s'agit assurément d'un enseignement précieux pour tous ceux qui cherchent à comprendre les énigmes du réenchantement par la politique.

Pourtant à court terme il y a encore beaucoup de sujet d’inquiétude :

1-la sécurité, les forces de l’ordre ayant été totalement déconsidérées on assiste en ce moment à une recrudescence voir une explosion d’agression, vol, démonstration de force qui terrifie la majorité silencieuse. Espérons que cela ne débouche pas sur une dictature militaire. Dernier exemple le saccage du service d’urgence de l’hopital farat hachet à sousse (3eme ville du pays) parce que les ambulances n’ont pas été assez rapides dans une intervention.

2-L’omiprésence des islamistes qui du statut de victime passe à celui de persecuteur. Loin de l’image policé des dirigeants politiques des partis islamiques, sur le terrain les activistes n’hésitent plus à menacer devant les université les femmes non voilées, d’agresser physiquement les manifestations laics …

La conséquence sera peut-être inverse dans la constitution d’un front anti islamiste par «  la majorité silencieuse »

3-L’économie totalement fragilisé que ce soit le tourisme ou plus préoccupant la fermeture quotidienne des usines notamment loi 1972 (usine étrangère de production délocalisée texgtile call center) du fait de la multi^plication des grèves et des blocage pour des motifs parfois totalement anodin. La situation s’amiélore cependant ces derniers temps, les tunisiens se montrentg encore une fois d’une responsabilité exemplaire.

Je reste cependant optimiste pour le long terme, le choix d’une transition par « Constituante », le maintien de la volonté de listes paritaires, et surtout la vigilance des nouveaux citoyens donnent des bases solides pour la réussite de ce changement

Je conclurai en citant Abou ElKassem Echabi, poète tunisien (integré dans l’hymne national «Lorsqu'un jour le peuple veut vivre…Force est pour le destin de répondre Force est pour les ténèbres de se dissiper Force est pour les chaînes de se briser.»

 

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 13:31

Voici un article de Paul Alliès publié sur média part que m'a envoyé un ami et que je voulais partager avec vous.

 

En 24 heures la révolution démocratique a fait un nouveau bond en avant à Tunis. Les deux seules autorités en place, le président de la République par intérim Foued Mebazaä et le Premier ministre Béji Caïd Essebsi ont successivement, ce jeudi soir et vendredi matin, ratifié la mise en route du processus que beaucoup réclamaient: une assemblée constituante sera élue la 24 juillet prochain, veille de la fête traditionnelle de la République.

 

Aussitôt la Kasbah a levé le camp avec force youyous dans "la joie, la dignité et la fierté" comme toute la presse l'a observé. Elle a démontré sa maturité comme sa nécessité politique (voir mon billet du 27 février). Mais ce dénouement a aussi révélé la grande expérience d'une "classe politique" formée aux premières heures du bourguiguisme ou dans l'opposition à Ben Ali. Cette dimension devrait être intégrée une fois pour toute en France (on en est loin et j'y reviendrai dans un dernier billet): elle est un atout considérable pour la réussite de cette révolution et l'avènement d'une Deuxième République.

 

Car les Tunisiens sont en train de donner un exemple à tout le monde arabe et peut-être au-delà. Ce sera la première fois depuis le XIX° Siècle qu'aboutira une révolution non seulement républicaine mais populaire et  démocratique. La Tunisie contemporaine renoue ainsi avec ce que sa tradition avait de singulier: elle fut le premier Etat arabe a adopter une Constitution en 1861 sous le règne de Sadok Bey, effacée bien vite par le colonialisme français. Aujourd'hui elle inaugure une procédure sans équivalent ailleurs, celle de la Constituante, riche de promesses.

 

La feuille de route tracée par le Président et le Premier ministre est limpide. La Constitution du 1° juin 1959 est "suspendue" et avec elle tous les organes qu'elle désignait sauf le Conseil de l'Etat c'est-à-dire le Tribunal administratif et la Cour des Comptes chargés de veiller à la régularité juridique des textes et des comptes publics. Le président de la République reste en fonction (alors que l'intérim aurait dû prendre fin le 15 mars prochain) au nom de "la pérennité de l'Etat" qu'il incarne. Depuis le mois dernier, par modification de l'article 28 de la Constitution il a reçu le pouvoir de légiférer par décret-loi, mettant ainsi hors jeu les Chambres de l'ancien régime.

 

Le Premier ministre va annoncer dans le 48 heures un gouvernement composé de techniciens. En toute hypothèse ceux qui en seront membres ne pourront se présenter aux prochaines élections. Cette disposition fort habile a entraîné la démission des ministres politiques du gouvernement Ghannouchi, parti dimanche soir. La  Commission "pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique" qui a déjà bien entamé son travail pour ce qui concernait les missions attribuées au Doyen Ben Achoun (voir mon billet du 26 février) se réunira en Conseil formé de personnalités politiques, représentants des partis et d'organisations de la société civile; et on peut compter sur Facebook pour élargie le pérmiètre. Il est une réponse (négative) aux prétentions du Comité de défense de la Révolution qui s'était installé sous l'autorité de l'UGTT (alliée aux islamistes) syndicat dont le rôle avant et après le 14 janvier n'a pas fait encore l'objet des clarifications nécessaires.

 

Une de ses premières contributions est la rédaction d'une code électoral garantissant la sincérité des scrutins à venir. C'est un document (pour l'instant non publié mais que nous avons pu consulter) extrêmement rigoureux: il va de l'organisation des bureaux de vote aux sanctions pénales en cas de fraude  Le scrutin se déroulera au niveau des arrondissements (sections des Gouvernorats) et probablement au scrutin uninominal; ce qui pourrait encourager l'émergence de candidats susceptibles de devenir des responsables politiques locaux de partis démocratiques qui en sont pour l'instant dépourvus.

 

Ce processus est impeccable. Il contraste avec celui décidé par les militaires égyptiens: d'abord la Constitution ne sera qu'amendé; ensuite ces amendements seront le fruit des réflexions de huit experts; enfin le peuple ne pourra que les ratifier par référendum. En Tunisie la procédure retenue porte en elle une toute autre ambition démocratique.

 

D'abord l'Assemblée Constituante va conduire les partis (21 reconnus à ce jour) à donner un contenu à leurs projets politiques. Le débat s'est d'ores et déjà engagé sur le avantages et inconvénients des différents "modèles", étant entendu qu'il n'est pas question de reproduire l'un ou l'autre existant à l'étranger (comme cela s'était fait en 1959 en importation de la Constitution de la V° République française). Aujourd'hui les spécialistes les plus engagés dans la réflexion regardent beaucoup du côté du Portugal si ce n'est de la Pologne.

 

Ce sont en effet deux pays qui au sortir de leurs dictatures avaient beaucoup imité le présidentialisme français. Or le Portugal entre 1976 et 1982 comme la Pologne entre 1990 et 1997 ont neutralisé le sur-pouvoir présidentiel que voulaient incarner le général Eanes comme Lech Walesa. Ces pays ont alors rejoint le monde autrement équilibré du système primo-ministériel, laissant la France seule en Europe avec son archaïsme bonapartiste. C'est ce qui pourrait advenir en Tunisie.

 

Rares sont les partis tel le PDP qui défendent une formule quelconque de régime présidentiel; l'ambition de son fondateur Najib Chebbi, candidat par avance à la fonction suprême peut expliquer la volonté de ce parti de gauche de vouloir des élections présidentielles avant la Constituante et d'appeler de ses voeux un "régime semi-présidentiel" à la française. Le débat va donc se centrer sur les modes de production d'un parlementarisme rationalisé et sur l'opportunité de conserver l'élection du Président au suffrage universel direct.

 

Quoi qu'il en soit, l'unanimité est pratiquement faite sur la limitation extrême des pouvoirs du président; si bien qu'à supposer que son élection populaire soit retenue elle ne sera pas différente de celle en vigueur dans onze Etats membres d l'Union Européenne, de la Finlande à l'Autriche en passant donc par le Portugal et la Pologne.

 

Mais d'autres débats vont animer la Constituante, en particulier celui de la sécularisation de la République. L'article 1 de la Constitution de 1959 faisait de l'Islam la religion de l'Etat tunisien.  Les laïques n'en veulent plus mais ils n'entendent pas pour autant laisser les mosquées ou l'enseignement religieux à la discrétion des imams. L'autre question est celle d'Ennahda, le mouvement islamiste inspiré à ses origines par les Frères musulmans égyptiens. Son dirigeant rentré d'exil, Rachel Ghannouchi (homonyme du ci-devant Premier ministre mais rien de plus) a tenu un discours apaisant respectueux d'une distinction entre l'Etat et la religion. Mais, s'il a reconnu la laïcité c'est en tant que" courant d'opinion" et non pas comme un mode d'organisation de toute la société.

 

Ceci étant, ces islamistes qui se revendiquent de plus en plus de l'AKP turque ne sont plus le recours au mal être de la jeunesse et n'apparaissent pas plus ici qu'ailleurs comme le meilleur choix des élites sociales.

En tout état de cause la campagne pour les élections à la Constituante comme les débats qui vont l'animer après le 24 juillet, nonobstant le Ramadan qui devrait débuter alors, sont susceptibles de clarifier considérablement la scène politique; certains partis de gauche réfléchissent dés maintenant à leur possible fusion.

 

Quoi qu'il en ressorte, tout cela est un véritable événement historique qui aura des conséquences considérables et durables. D'ores et déjà la question d'Israel change de nature. Avec l'installation de régimes démocratiques et de gouvernements pratiquant l'alternance, il n'est plus du tout l'unique démocratie dans un environnement hostile, bastion contre l'islamisme radical dans la région.

 

Avec l'émergence d'une affirmation arabo-musulmane au lieu de l'invocation de la charia c'est l'irruption d'un autre monde, celui d'une jeunesse éduquée, d'élites éclairées, de peuples matures qui auront chassé ces dictatures corrompues qui étaient ses meilleurs alliés. A l'horizon de ce printemps arabe extraordinaire, redonnant foi dans les fins démocratiques et cosmopolites de l'histoire, demeure une inquiétude; celle d'une ultime guerre qu'un Etat devenu autiste et désespéré voudrait faire à ce grand basculement. 

 

Pour la conjurer il importe que nous soyons à la hauteur de la réinvention de la République tunisienne; or ni nos gouvernements ni nos partis ne le sont. C'est aussi chez nous qu'il faut changer profondément la politique.

 

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 13:19

Un  puissant mouvement populaire de libération bouleverse le monde arabe, balayant les dictatures en place depuis des décennies. L’aspiration des peuples à prendre en main leur destinée, leur soif de liberté et de justice sociale ont profondément transformé la donne en Tunisie puis en Égypte, et porté partout dans le monde le message que le changement est possible.

 

Nous apportons tout notre soutien à ces peuples en lutte et serons à leurs côtés pour faire respecter leur volonté.

 

Ces luttes sont les nôtres car elles portent en elles l’exigence d’un nouvel ordre mondial fondé sur la liberté, la justice et la paix, sur de nouvelles relations internationales basées sur la coopération et la solidarité, excluant tout rapport de domination.

Ces valeurs que nous partageons sont à l’opposé des orientations défendues par le Président de la République et ses amis qui ont préféré les intérêts des affairistes et des marchands d’armes à la démocratie, et donné une pitoyable image de la France.

 

Si Nicolas Sarkozy a dû remanier son gouvernement, discrédité aux yeux de l’opinion publique française et internationale, il a toujours la même vision dépassée et méprisante des peuples arabes, fantasmant sur l’explosion des flux migratoires et du terrorisme. Et il a conservé Patrick Ollier dont on sait les liens étroits qu’il entretenait avec les dirigeants libyens.

 

La situation en Libye où Kadhafi essaie de noyer dans le sang la révolte du  peuple est d’une extrême gravité. Il a montré ces derniers jours qu’il n’hésitera à recourir à aucun moyen, et les armes que lui ont vendues nos gouvernements et quelques autres rendent ses menaces encore plus inquiétantes.

 

Les proclamations démocratiques actuelles des dirigeants occidentaux seraient plus crédibles s’ils n’avaient pas encouragé Kadhafi par la complaisance coupable dont ils ont fait preuve  à son égard ces dernières années. Elles seraient plus crédibles aussi si elles s’étendaient à la reconnaissance des droits du peuple palestinien.

Derrière les prises de position des États-Unis et de l’Europe, il y a en réalité la préoccupation de garder le contrôle sur la Libye et son pétrole, et aussi, pour les gouvernements européens,  de fermer les frontières aux migrants.

 

Une intervention militaire de l’OTAN ou de certains de ses membres serait la pire des issues, l’exemple de l’Irak est là pour nous le rappeler.

Les Libyens en seraient les premières victimes.

Il faut employer tous les moyens politiques dont dispose la communauté internationale dans le cadre de l’ONU pour arrêter le massacre. Dans l’urgence il faut apporter une aide massive aux réfugiés qui se pressent aux frontières, et aux pays qui les accueillent, ainsi qu’aux victimes libyennes. Les gouvernements européens et l''Union Européenne doivent, en concertation notamment avec la Tunisie, amplifier les moyens de transport nécessaires pour permettre à tous les réfugiés de rentrer dans leur pays d'origine s'ils le désirent.

 

 La France et l’Europe doivent aussi assumer leurs responsabilités en accueillant ceux qui le demandent, conformément au dispositif dit de « protection temporaire » élaboré en 2001 par l'UE pour les ressortissants d'États en proie

aux troubles politiques et aux conflits armés.

Le Président de la République et ses ministres doivent cesser de nourrir la peur des populations en brandissant systématiquement le spectre de « l'invasion » et de piétiner les traditions de solidarité et d’accueil de notre pays.

 

L’image de la France a été profondément dégradée.

Elle ne retrouvera une voix respectable et respectée qu'en fondant sa politique, ici et au-delà de nos frontières, sur la démocratie et les droits sociaux, la justice,  la solidarité, valeurs sur lesquelles se construit la paix.

 

Calendrier des manifestations à Quimper

 

  • Réunion débat avec une femme algérienne mardi 8 mars à 20h 30 aux Halles St François à l'initiative du mouvement pour la paix
  • Rassemblement vendredi 11 mars à 18h place de la Résistance

 

Signataires de cet appel :

 

Association France Palestine Solidarité – Association Républicaine des Anciens Combattants - Association des Travailleurs et Commerçants Marocains - ATTAC – CNT - Droit d’Asile – Europe Écologie Les Verts – FSU – Les Alternatifs  - Ligue des Droits de l’Homme – Mouvement de la Paix - NPA – PCF – PRG – PS – SNES – UDB

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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 15:52

Le titre est une reprise de groupe facebook et d'article sur la maladresse du nouveau et peut-être ex dans quelques temps ambassadeur de France en Tunisie: Boris Boillon.

Une maladresse de plus dans les relations franco-tunisiennes, vous me direz on est plus à ça près.

 

La polémique a enflé apres la difusion de cette vidéo sur le net, même s'il s'agit d'un montage subjectif (voir l'article sur arrêt sur image), le ton et l'arrogance de ce diplomate ne fait pas débat. Et la réaction des Tunisiens et des français résident en Tunisie a été immédiate. Les excuses dans un arabe parfait à la chaine TV tuninisienne ne suffiront pas à mon avis à l'absoudre.

 

 

Mais c'est peut être le nouveau style de la diplomatie française version sarko bling bling, tout dans l'apparance, le roulement des épaules et la virilité des cours de recré.

 

Pourtant ce jeune ambassadeur avait tous les atouts pour être une nouvel star, il pourrait sans probleme incarner le nouvel idole d'un secret story (voir sa photo ici, ne soyons pas hypocrite, je crois que c'est la photo qui fait le plus de buzz en ce moment et pas qu'en Tunisie). Mais comme quoi la plastique et l'apparance ne font pas tout même dans un pays méditerranéen et surtout en ce moment.

 

 

 

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 10:58

Lettre à Mme la ministre française des Affaires étrangère

 Pour que la France politique ne nuise pas à la France culturelle..

. Auteur : H.B.J. Citoyen tunisien Ajouté le : 28-01-2011 Par Hamadi BEN JABALLAH

 

 Qu’il me soit d ’abord permis, Mme la ministre, de saluer en votre auguste personne la France, ce grand  pays  des Lumières que, nous  autres Tunisiens, respectons pieusement, estimant à sa juste valeur  ses contributions décisives au progrès de l'humanité.

 Comptant sur la générosité de votre cœur, je souhaiterais soumettre à la sagacité de votre esprit un distingo que je crois utile de  méditer, en cela qu’il aiderait, me semble-t-il, à éviter la confusion que l'on trouve aux fondements du fameux droit d'ingérence : la France politique n'est pas la France culturelle . La premiére , souveraine, n ’appartient

Qu'aux Français et c'est à elle seule de dire qui est Français ! La seconde, celle de Descartes, de Voltaire, de Rousseau, de Sartre; celle de la «Déclaration universelle des droits de l ’ Homme et du citoyen», appartient, quant à elle, à l ’ humanité entière, entre autres, aux Français autant qu ’ aux Tunisiens !

Mutatis mutandis, la même distinction vaut pour mon pays, la Tunisie. A n’en pas  douter, les Tunisiens le savent bien. Ils l'ont appris de leurs mères et de leurs maîtres d’école. Encouragés par vos soins, les jeunes Français, pour l'intérêt de nos deux pays, le sauront clairement, eux aussi.

Je tiens à vous rassurer Mme la ministre : je ne suis ni un «islamiste fanatique», ni un antifrancophone, ni surtout un «terroriste déguisé». Au contraire, formé à  L'Ecole de La République  qui, aidée par des “ coopérants ” français, les colons d'hier, a généreusement donné à ma génération le rare privilège d’accéder ,autant que faire se peut ,tant aux trésors de la langue d’Al Jahiz et d’Al-Mutanabbi, qu’à ceux de la langue de Voltaire et de Hugo, j’appartiens à  une ère culturelle qui a toujours fait sien ce mot de l'auteur de la légende des siècles des Contemplations : “ Insensé ! Qui sait que je ne suis pas toi ? ” . Une manière de dire que l' autre est  substantiellement  mon alter ego. On ne s ’enrichit réellement, qu ’en se  donnant à autrui «sans s’ôter à soi-même.»

 Fils d ’un vieux  pays où l ’on peut être sans parti, mais jamais sans patrie ou sans famille; un pays où coule «une douceur qui empêche de mourir», je vis dans l é'adhésion absolue  à cet idéal que l’un de mes premiers  ancêtres, le vieux Térence, a sagement, mais énergiquement, opposé à la cécité de l’arrogance du colon romain, homo sum ,humani nihil a me alienum puto. L ’histoire de la Tunisie, ce pays qui a donné son nom à l ’ Afrique, ne prouve-t-elle pas à l ’évidence que l’on est mieux quand on sait reconnaître chez l ’autre ce qu' il a de meilleur ? Même dans les expériences historiques les plus amères ! Des conquêtes arabes, le Tunisien a retenu  ce qu ’elles avaient d ’universel et de beau : l ’ Islam, religion d ’une spiritualité à même de libérer l ’esprit, et la langue arabe qui, à un moment donné de l ’histoire de l ’humanité, a su mettre au goût du jour l ’ humain en tant que tel. Du  colonialisme français, le Tunisien a appris le rationalisme de Descartes, les Lumières de la Révolution, l ’esprit révolté de Sartre, et que sais-je encore ? Nos “ coopérants ” étaient à la fois nos maîtres et nos complices. Avec eux, nous avons appris à rêver. C ’est à vous, Excellence, de prendre la mesure de la distance qui sépare cette  France  culturelle  qui nous a proposé  hier des Idéaux, de la France politique qui nous propose aujourd ’hui, «le savoir –faire policier» !

   A l ’ heure où se trouve portée à son acmé l ’inquiétante question de la montée des opacités, où les conflits des intégrismes de tous bords menacent la paix  des cœurs et du monde, à l  heure où sévit le “ choc des incultures ” , il serait utile de rappeler à la jeunesse de nos  deux pays que le premier homme qui ait clairement appelé l ’ humanité  à distinguer, aussi bien dans sa theoria  que dans sa praxis, les  deux pouvoirs , civil et religieux, ainsi qu ’il l ’enseigne, dans sa fameuse lettre adressée, en 494, à Anastase, l ’ Empereur de Byzance, est l ’un des anciens ancêtres, Saint Gélase Premier .C ’est à lui que la chrétienté doit ,entre autres, la distinction entres Evangiles apocryphes et Evangiles authentiques. C ’est également à beaucoup de mes anciens compatriotes   ,entre autres à Arnobe de Sicca et à  son disciple Lactance, tout comme  à Tertullien et à Saint-Cyprien , que revient le mérite d ’avoir fait évoluer la langue du colon le latin ,la belle  langue de Cicéron, en vue de s ’en servir  pour propager une culture qui ne doit rien à Rome, le monothéiste, dans un empire encore jalousement païen . En cela , notre expérience est deux fois millénaire. La dernière en date est celle de feu Habib Bourguiba. Apprendre la langue de son colon , pour  mieux s ’en libérer.

 Autant d ’ événements qui se sont produits sur la terre de cette belle  Tunisie, dans les plaines  verdoyantes   du Kef ou sur les collines multicolores  de Carthage, à un moment de l ’ histoire où la vaste Gaule, n ’était encore ni latine , ni chrétienne !  Juste pour rappeler à l' intention des jeunes et des moins jeunes , que  les cultures ne se comparent pas. Comme les peuples  qui en sont les porteurs, chacune a sa  propre dignité, sa valeur intrinsèque irréductible.  Au-delà de toute hégémonie, réfléchie ou spontanée, une culture bien comprise est, par vocation, une transcendance, une manifestation de l ’ esprit. L ’ esprit ?! C'est peut-être peu de chose ! Mais c'est lui, Excellence, qui donne le branle à tout le reste. En témoigne le sage H.Poincaré ,votre compatriote : “ La pensée, écrit-il, n ’est  qu ’ un éclair au milieu d ’une longue nuit. Mais c ’est cet éclair qui est tout ” .

 C ’est pourquoi, généreuse, au moins  autant que la France, la Tunisie qui vient de reconquérir sa liberté à la sueur de son front, au prix de son sang, vous en fait don , vous suppliant humblement de daigner le recevoir , en contrepartie de l ’ «expertise policière» par laquelle vous avez bien voulu soutenir notre progrès et assouvir notre soif de liberté … Vous voyez Excellence pourquoi vous m ’ avez blessé ! Profondément ! Vous voyez, Excellence, quel gouffre sépare aujourd 'hui la France politique, celle de l ’ Elysée ou du Quai d ’ Orsay, de la France culturelle; la France de  mes maîtres de  lycée ou de L ’université. Préférant toujours la vérité à la vanité, ainsi que l ’exige une éthique que je tiens de ma mère, je vous prie de veiller  à ce que la France  politique ne nuise pas davantage à la France culturelle. Humblement vôtre.

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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 23:11

Quelques montages parmi beaucoup qui ont fleurit sur la toile que je trouve vraiment sympa en tout cas elle m'ont beaucoup touché.

 

 

 

 

 

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 23:37

A lire cet article Indécences franco-tunisiennes sur le site de Media Part

 

Il traduit le malaise de la diplomatie française, et le manque cruel de discernement de ce gouvernement.

 

Depuis le discours de Dakar, en passant par la déclaration de N.Sarkozy qui voyait "progresser les libertés en Tunisie", on ne peut qu'être que consterné par la politique étrangère de la France de ce gouvernement. Le point d'orgue étant le discours de MAM la semaine dernière à l'assemblée nationale. La descence après une telle maladresse voire faute aurait été la démission mais ce gouvernement n'a aucun sens de l'honneur.

 

Ne parlons pas de la réponse de Fillon de ce jour, tout aussi consternant.

 

Et sur la distance avec le régime Ben Ali, il est faux de dire que tous les partis politiques français sont à mettre dans le même panier. Oui tous les gouvernements ont reçu Ben Ali mais certains n'ont pas attendu la chute du régime pour le dénoncer.

 

Des 2006, le PS a dénoncé la dérive autocratique du régime (communiqué de presse du PS) et a demandé l'exclusion du RCD de l'Internationale Socialiste (chose faite depuis 2 jours vu qu'il faut l'unanimité des membres pour une telle décision). Le PSE en 2007 a annulé sa participation à une conférence à Tunis en signe de protestation contre le gouvernement tunisien (article de presse).  En 2009 le PSE condamnait aussi le simulacre de démocratie avec l'exclusion de candidats aux présidentielles (communiqué de presse).

 

Oui, il y a eu de la modération et de la timidité parfois de la part des différents partis mais on ne peut laisser personne même un premier ministre proférait des contre-vérités pour justifier des erreurs voire des fautes caractérisées.

 

Quant à l'allusion sur DSK et de la contre utilisation que l'on fait d'une vidéo prise à Tunis, cela tient juste du non sens. Oui le FMI a salué dans le contexte de la crise mondiale, un pays émergeant dont la croissance dépassait les 5% mais en aucun cas il n'a cautionnait le régime, ce n'est pas son rôle. Il aurait été interressant aussi en diffusant cette vidéo de parler d'un groupe de jeunes activistes "très proches" de DSK qui lançait des 2008 une campagne contre le régime de Ben Ali intitulé : "Ben Ali, 20 ans ça suffit". Voir la campagne Re-So.

A lire aussi cette article sur le post "la parole juste de DSK"

 

Le minimum aurait été un peu de décence et un mea culpa de la part de Fillon, mais la décence c'est déja trop leur demander... 

 

La réponse de Jospin:

 

Lionel Jospin à François Fillon : "Je déteste la malhonnêteté intellectuelle !" (20/01/11) - Videos.RTL.fr
L'ancien Premier ministre socialiste répondait aux questions de Jean-Michel Aphatie jeudi matin, et aux accusations de François Fillon sur les accusations de complaisance à l'égard du président tunisien déchu Ben Ali.
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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 17:16

Pour s'y retrouver, un petit panorama des partis politiques tunisiens...( à compléter et à améliorer.) Article pêché sur facebook avec quelques ajouts

L'ex-parti unique

    * le RCD (ex-membre de l'Internationale Socialiste, exclu aujourd'hui apres maintes demandes du PSE et PS français depuis 2008) : Il y a de tout dans ce parti, officiellement socialiste et destourien.

Ultra-majoritaire au parlement, il détenait (ou détient ???) tous les rouages du pouvoir. Au sommet du régime, il revendiquait jusqu’à 2 millions d’adhérents presque 10% de la population totale. Dans les faits, pour obtenir un poste, une subvention, une aide ou simplement pour éviter le harcèlement, le moyen le plus efficace était d’adhérer au RCD.

Les partis annoncés au nouveau gouvernement

    * PDP : socio-libéraux, libéraux et islamistes progressistes
    * Ettajdid : centre-gauche à gauche laïque (ex-communistes)
    * FDTL : Socialistes proche du PSE (Parti Socialiste Europeen)

Ces partis de l'opposition légale se distinguent par leur réelle indépendance manifestée au cours des années. Le PDP (Maya Jribi, Néjib Chebbi) et la FTDL (Moustapha Benjaafar) n'ont d'ailleurs aucun député à la Chambre, en raison de leur boycott des dernières législatives. Ahmed Brahim, d'Ettajdid, était quant à lui le candidat le plus crédible de l'opposition à la dernière présidentielle, et il n'a pas hésité à mener  campagne


Les partis proches du pouvoir, apparemment exclus du processus

    *
MDS : sociaux-démocrates
    *
PUP : socialistes arabes
    *
UDU : nationalistes arabes
    *
PSL : libéraux
    * PVP : parti verts « fabriqué » par la dictature tunisienne pour contrer  le parti  des écologistes "La Tunisie Verte" , parti interdit.

Ces partis d'opposition ont servi de caution démocratique au régime, qu'ils ont très rarement, si jamais, critiqué. Leur crédibilité et leur représentativité en est affaiblie, ce qui explique qu'ils n'aient pas été invités à participer au prochain gouvernement

 

Les partis des extrêmes

    * PCOT : extrême-gauche, 18/01/11 : lever de son illégalité
    * Ennahda : islamistes

Ces deux partis sont ou étaient illégaux. Pour le PCOT, la levée de son illégalité est effective mais d’après les dernières informations ne souhaiterait pas participer aux élections dans le contexte actuel.

Ennahda, parti islamiste, dans la ligne de Khomeiny, a d’ores et déjà annoncé le boycott des élections présidentielles même si son illégalité était levée. Il souhaite néanmoins participer aux législatives. C’est le parti d’opposition le plus controversé, absent du soulevement populaire, il pourrait au vu de ses soutiens (notamment financier) à l’extérieur vouloir récupérer une partie du mouvement en se présentant comme la victime n°1 du régime Ben Ali même si des contacts entre les islamistes et le pouvoir de Ben Ali avait été renoué depuis quelques temps (une banque et une radio islamiques ont fait leur apparition dans le pays, sous le contrôle de la famille du président déchu). Pour rappel Ce parti (ex MIT) avait obtenu 17% lors des législatives de 1991 avant d’être dissout.


Les autres partis

    * TUNISIE VERTE : écologistes (reconnue par Europe Ecologie)

    * CPR : marzoukistes avec le premier candidat déclaré en la personne de Moncef Marzouki qui a fait son retour ce jour en Tunisie.

Ces deux partis (radicalement opposés à Ben Ali) étant encore illégaux, ils ne peuvent participer en tant que tels d'après la constitution actuelle Tunisienne. Mais il n'est pas interdit de voir leurs leaders participer en tant qu'indépendants

 

Article intéressant de Jeune Afrique paru le 19/10/2010 :
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2596p046-051.xml0/

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 23:18

 

 

169054_10150090680938369_636253368_6010148_1308716_n.jpgJ’ai mis un certain temps avant de m’exprimer sur la « révolution de jasmin ». Vendredi je n’arrivais même pas à accepter la demande d’un camarade journaliste de réagir car on ne se défait pas facilement de dizaine s d’années de conditionnement à peser ces mots, de peur de répercussions sur ceux qui nous sont proches.

 

Des sentiments mêlés ont envahi mon quotidien depuis ces dernières semaines, d’abord un espoir immense de voir naitre la première vraie démocratie laïque de ce coté-là de la méditerranée, la fierté de voir un peuple non instrumentalisé prendre son destin en main qui plus est quand c’est le sien, ensuite et c’est mon coté pessimiste, la peur, l’incertitude du lendemain. Peur de l’embrasement, d’une explosion de vengeance incontrôlée, de la manipulation et récupération du mouvement par les extrémistes, d’une « révolution » au sens scientifique du terme, retour au point de départ, avec l’instauration d’un autre autocrate. Et surtout peur du chaos, de l’anarchie qui ne servirait au final qu’à l’instauration in fine d’un régime encore plus dur…

 

Crainte aussi car il faut du temps pour que l’opposition se structure après des décennies de clandestinité, il faudra du temps pour qu’une administration non corrompue s’organise, pour qu’une économie sans dessous de table puisse engendrer des salaires qui permettent de vivre.

 

Mais j’ai confiance au peuple tunisien, un peuple instruit qui n’a jamais cédé au fanatisme, qui ne se fera pas confisqué demain cette liberté en cours d’acquisition…

 

De jour en jour je deviens plus optimiste, les tunisiens montrent un courage et une détermination exemplaire, ils prennent en main leur sécurité ne cédant pas à l’anarchie et au pillage qui suivent généralement une révolution de cette ampleur et font preuve d’énormément de solidarité.

 

Juste un mot sur le nom que s’est donné ce soulèvement, « la révolution de jasmin ». Le jasmin est le symbole en orient de l’amour et de la tentation de la femme. Quel meilleur symbole que celui-ci dans la rencontre des tunisiens avec la liberté, que cette union dure longtemps.

 

Le chemin est long et nombreux sont ceux qui voudraient voir cette aventure finir dans le fossé, mais je crois que la Tunisie est en train d'écrire plus que son histoire, elle offre un espoir à plus d'un peuple.

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