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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 17:08
Tribune de  Najet Mizouni, Secrétaire fédérale à l'International, Parti Socialiste, Paris, Quentin Guillemain, Membre du Bureau Fédéral, Parti Socialiste, Paris et animateur de "Dépasser nos Frontières", Aurélien Taché, Délégué fédéral à l'Euro-Méditerranée et aux démocraties émergentes, Parti Socialiste Paris

 

La révolution tunisienne est en train de vivre un tournant crucial. La répression sanglante du mouvement social de Siliana en novembre dernier, l'attaque du siège de l'UGTT par des militants islamistes en décembre, les manoeuvres d'Ennadha pour bloquer toute tentative de parvenir à un gouvernement plus équilibré en janvier, l'assassinat de Chokri Belaïd le 6 février et enfin la démission du 1er ministre Hamadi JEBALI marquent la fin de la première séquence de la révolution tunisienne.

 

Nous entrons en effet dans une nouvelle phase de "la révolution de la dignité et de la liberté », marquée par l'échec de la troïka au pouvoir dans la conduite de la transition démocratique. L'Assemblée Nationale Constituante élue le 23 octobre 2011 et présidée par Mustapha Ben Jaafar, avait reçu mandat d'un an pour rédiger la Constitution. Force est de constater que c'est aujourd'hui un échec. L'opposition n'a eu de cesse de dénoncer les manoeuvres dilatoires des députés d'Ennadha pour bloquer ou retarder les travaux de l'ANC, pariant ainsi sur son épuisement. Les Tunisiens sont en passe de se lasser de ce qui est pourtant un moment essentiel de la construction démocratique de leur pays et sont de plus en plus en nombreux à penser que la rue sera la seule issue.

 

Nous pensons qu'il est temps, pour les forces progressistes du Sud comme du Nord de la Méditerranée, de réagir. Mustapha Ben Jaafar, élu Président d'honneur de l'Internationale Socialiste à Lisbonne en février dernier, a appelé les partis progressistes et démocrates européens à s'engager plus fortement dans le soutien aux révolutions arabes. Nous l'appelons à notre tour à une prise de conscience de la nécessité de favoriser activement un dialogue avec l'ensemble des forces progressistes participant à la transition démocratique en Tunisie et plus généralement dans tous les pays ou une telle transition est en cours.

 

Quand nous regardons en tant que socialistes les partenariats que nous avons privilégiés en Tunisie par le passé, nous ne pouvons être que critiques. Comment justifier en effet le choix du Rassemblement Constitutionnel Démocratique de Ben Ali comme parti membre de l'internationale Socialiste jusqu'à la veille de son renversement ? Nous étions bien peu de socialistes à dénoncer ce choix en 2008 en lançant la campagne "Ben Ali, Yezzi !". Ainsi, nous ne pouvons plus nous contenter d'un soutien à nos partenaires internationaux historiques.

 

Les partis politiques traditionnels se sont souvent retrouvés disqualifiés lors de bouleversements démocratiques récents (les révolutions arabes comme les mobilisations civiques en Hongrie en sont des bons exemples).Ils n'ont malheureusement pas été des acteurs déterminants dans les mouvements populaires souvent nés grâce au réveil de la société civile. Il est ainsi temps pour notre parti et pour la gauche de retrouver sa culture de soutien aux mouvements démocratiques émergents.

 

Engageons-nous clairement aux côtés de toutes les forces progressistes qui ont à coeur de mener à bien la transition démocratique en Tunisie !

 

L'opposition civile comme politique doit être entendue quand elle dit que l'actuelle troïka n'est plus légitime pour diriger seule le pays. Le processus actuel de transition démocratique en Tunisie engagé par l'ensemble des forces politiques suites aux premières élections libres doit désormais s'accélérer. Un calendrier réaliste doit être défini car les Tunisiens ne peuvent pas rester au milieu du gué. L'Assemblée Nationale Constituante légitimement élue doit désormais pouvoir rédiger et mettre en oeuvre la nouvelle constitution afin que puisse se tenir des élections sur la base de projets gouvernementaux clôturant ainsi cette période de transition.

 

L'Etat de droit, seul à même de garantir la sécurité de chacun et la justice pour tous, ne saura être préservé que si, dans ce moment difficile, le critère de compétence prévaut dans l'attribution des portefeuilles ministériels et que le gouvernement se cantonne à la seule gestion des affaires courantes.

 

Le nouveau 1er ministre Ali Laarayedh, ancien secrétaire général d'Ennadha et ministre de l'Intérieur du gouvernement sortant (dont le bilan est notamment entaché de la lourde répression de la manifestation du 9 avril 2011 ou encore par les tirs de police sur les manifestant de Siliana en novembre dernier) donnerait ainsi un signal fort en revenant sur certaines nominations jugées très partisanes et en prononçant la dissolution des milices et ligues de protection de la révolution (en grande partie responsables du climat d'extrême tension dans lequel se trouve le pays), ainsi que le demande l'opposition.

 

C'est pour défendre cette position que nous nous rendrons à Tunis en mars à l'occasion du Forum Social Mondial afin de rencontrer les forces progressistes tunisiennes, leur apporter notre soutien et tracer des perspectives communes dans la continuité de notre combat pour l'émergence d'un espace démocratique euro-méditerranéen. Voilà un défi à la hauteur d'une gauche moderne, démocrate et internationaliste. Saurons-nous, collectivement, le relever ?

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