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  • : PINK ELEPHANT
  • : Blog d'un militant socialiste de 34 ans, conseiller municipal à Quimper . Ses coups de coeur, ses coups de gueule etc... Sa conviction au reformisme radical, Son regard sur la politique locale et nationale
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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 11:45

Un article du JDD que je n'hésite pas à vous faire partager http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Jean-Jacques-Urvoas-le-monsieur-securite-du-PS-294119/?from=features

 

Pour la deuxième année, le JDD et l’école de journalisme de Sciences-Po Paris ont organisé un prix du meilleur portrait. Nous publions les articles des deux vainqueurs: le premier prix remporté par Yann Thompson sur Jean-Jacques Urvoas, l’homme qui construit pour le PS un programme sur la sécurité; le deuxième prix est une rencontre avec Zaha, veuve d’un combattant tchétchène, signée Anaïs Llobet.

Le député du Finistère s’impose comme le Monsieur Sécurité du Parti socialiste. Discret mais bosseur, ce proche de Dominique Strauss-Kahn "adorerait" devenir ministre de l’Intérieur en 2012.

"Un policier m’a dit un jour qu’il ne faut pas sourire si l’on veut devenir ministre de l’Intérieur." Alors face à l’objectif du photographe, Jean-Jacques Urvoas opte pour une pose à la Mona Lisa. Interprétation libre. Dans le bureau soigné de sa permanence parlementaire à Quimper, le quinquagénaire tout de noir vêtu s’amuse à jouer au méchant mais assure dans le même temps être un "mec gentil". Un numéro d’équilibriste auquel il commence à s’habituer depuis qu’il est devenu, "par hasard", secrétaire national du PS chargé de la sécurité.

Mars 2009, coup de fil de Martine Aubry à Jean-Jacques Urvoas. La première secrétaire réorganise son équipe et a besoin de renfort à la sécurité. Non retenu dans l’effectif initial quelques mois plus tôt, le député fait part de sa disponibilité mais aussi de son embarras: "La sécurité, c’est même pas un sujet à Quimper, je n’y connais rien." Justement. La responsable du PS voit dans ce juriste pragmatique et bosseur une occasion en or: gommer la réputation d’angélisme sécuritaire qui colle à la peau du parti.

Débarqué en terre inconnue, Jean-Jacques Urvoas constate vite les dégâts. "Depuis 2002, le Parti socialiste n’avait jamais discuté d’un texte sur la sécurité." Le néophyte se retrousse les manches et multiplie les rencontres avec les forces de l’ordre. "Il a vraiment pris goût à la matière et vite progressé, vite lu, vite appris", remarque Yannick Danio, le porte-parole du syndicat Unité SGP Police, majoritaire dans la police nationale. "On se félicite qu’un parti de gauche commence à comprendre ce qu’est la sécurité", ajoute-t-il, vantant la "vivacité d’esprit peu commune" de l’élu breton.

"Je suis convaincu que DSK va se présenter pour 2012"

Le premier flic de l’opposition prend conscience de sa responsabilité: bâtir de A à Z le volet sécurité du prochain programme présidentiel. "La sécurité n’est pas une priorité pour l’électorat de gauche, mais c’est une de ses préoccupations", souligne-t-il. Une préoccupation d’autant plus forte que 2002 et le "péché de naïveté" confessé sur ce sujet par Lionel Jospin sont encore dans les esprits. "Je ne veux pas revivre 2007 non plus", assène Jean-Jacques Urvoas, marqué par la proposition par Ségolène Royal d’un encadrement militaire des délinquants, "une idée qui était arrivée comme un cheveu sur la soupe parce qu’elle n’avait pas été mûrie par le Parti socialiste".

Déterminé à éviter le moindre atermoiement en 2012, le Monsieur Sécurité du PS prépare donc "des propositions sur chaque dossier". Esquissées en novembre dernier dans le Pacte national de protection et de sécurité publique, développées aujourd’hui dans le projet discutée par la direction socialiste, elles comprennent notamment la mise en place de "zones de sécurité prioritaires" et l’amélioration du dialogue entre la police et la justice. Mais Jean-Jacques Urvoas réclame surtout du temps, évoque la police de proximité de Montréal "qu’il a fallu dix ans pour installer" et se garde bien de proposer des solutions "choc" face à la complexité du problème. Il ne lui reste plus que quelques mois pour affiner les fiches de campagne qu’il remettra au vainqueur des primaires socialistes.

Qui soutiendra-t-il en 2012 ? La réponse se trouve étalée sur son bureau où les hebdomadaires sont soigneusement empilés. Tous ont la même Une: Dominique Strauss-Kahn. "Strauss", comme l’appelle Jean-Jacques Urvoas. Les deux hommes se connaissent bien et ils s’apprécient. "Je suis convaincu qu’il va se présenter pour 2012, par devoir et par esprit de responsabilité", affirme son ancien porte-parole au sein du courant Socialisme et Démocratie. En attendant, cet ex-rocardien "balise la piste d’atterrissage" pour le directeur du FMI. Et sans en faire un caprice (pas le genre de la maison), il avoue qu’il serait "très, très fier" si son "chef" l’intégrait, le moment venu, dans son équipe de campagne.

Le natif de Brest voit plus loin que la course à la présidentielle. Dans ses fonctions de secrétaire national du PS, il travaille déjà dans l’hypothèse d’une victoire de la gauche et prévoit la création de 5.000 postes de policiers et de 3.000 postes de gendarmes dès 2012. "J’essaye de me mettre en situation de décision", reconnaît-il. Est-ce à dire qu’après la conception des plans, l’architecte d’Intérieur se verrait bientôt à la réalisation de l’édifice, dans le costume de ministre place Beauvau? "Evidemment que j’adorerais ça, mais le dire est infiniment prétentieux. Infiniment prétentieux."

"Je déteste les vacances"

Jean-Jacques Urvoas ne cherche pas les projecteurs. Maire PS de Quimper, Bernard Poignant se souvient de sa surprise lorsque son ancien assistant parlementaire lui a annoncé, il y a onze ans, vouloir devenir premier secrétaire de la fédération PS du Finistère. "Lui l’homme de l’ombre, je ne le voyais pas à un poste si exposé." Même député, l’homme reste peu connu dans sa circonscription. La droite locale garde en mémoire sa campagne législative de 2007 "discrète, éteinte" – il l’emporta avec 52,13% des voix.

A défaut d’être une grande gueule et un bagarreur, Jean-Jacques Urvoas a trouvé sa voie pour s’affirmer: le travail, "respectable et donc respecté". Derrière sa bouille de lutin et son humour pince-sans-rire se cache un sérieux reconnu par tous, même à droite. Le sociologue Laurent Mucchielli remarque que cet ancien maître de conférences en droit public "n’a pas cessé d’être un universitaire : il s’informe auprès des chercheurs, il travaille et connaît ses dossiers, il a le souci du détail". Marié et père de deux enfants, il a ainsi consacré ses deux derniers étés à la loi pénitentiaire et à "l’été sécuritaire". "Je travaille parce que ça me plaît, je déteste les vacances."

Malgré son professionnalisme, cet opposant au cumul des mandats veille à ne pas devenir un professionnel de la politique. "Ce n’est pas un métier, c’est une fonction, un CDD." Ce qui explique sans doute qu’il accumule déjà de la documentation pour ses cours, en prévision de son retour, un jour, à l’université. Pour l’heure, ce technicien non technocrate sèche les réunions du PS pour aller visiter la police aux frontières d’Orly ou réunir des lieutenants-colonels à l’Assemblée. Un moyen aussi de se préserver des querelles internes et des luttes d’ego de la politique parisienne. "Ce n’est pas ma came. Et je crois même, quand je suis infiniment orgueilleux, que c’est ça qui plaît à Strauss."

 

 

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